« Artiste touche à
tout ! Dans ma grande immodestie, je me revendique de ce titre.
Je m'affirme comme un boulimique d'expériences et de
pratiques artistiques diverses. Je suis avide d'aller mettre
mon nez dans tous les coins de la création plastique.
Quoi de plus exaltant que de se frotter à une nouvelle
approche d'un art qui se présente au détour de
la vie ? Je n'ai jamais pu y résister, et tant pis pour
les grincheux qui voudraient me cantonner dans le carcan d'une
seule pratique, dans un seul style bien identifiable, bien rassurant.
On dit que la constance fait le style. Le mien propre c'est
de le remettre continuellement en question, de l'interroger,
de le confronter à des techniques, à des formes
d'expression nouvelles. C’est également de remettre
en question mon approche du sujet en m'imposant des règles
de jeu inédites. La peinture est pour moi une question
de « point de vue », pas d'opinion, ni d’idée.
Soit j’appréhende le modèle
de l’intérieur, à
ce moment je ne sais pas où et
comment j’en sortirai, si je touverai
le
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contour. Soit
je l’attaque par l’extérieur. L’œil
humain est limité. Il ne peut fixer qu’un point
dans l’espace. Si on joue le jeu de la perception, on
est soumis à de réelles déformations. Chaque
sujet amène de ce fait une lecture propre et apporte
dans ma peinture un changement de style qui souvent déconcerte
le public. Tout d'abord, je procède par accumulation.
Je m’impose un jeu de contraintes par des couleurs, des
matériaux, des outils limités, appliqués
à chacune de ces séries et dans un format constant.
Ceci de façon à créer une réelle
variation. Si le résultat me satisfait, ce travail se
traduit parfois par une toile unique, un peu comme la synthèse
de ces expériences. Cela me permet d’achever un
cycle et surtout de ne pas m’installer dans un savoir
faire qui ne m’amènerais qu’à une copie
de moi-même. «L’artiste qui se trouve, se
perd» a dit un jour Max Ernst. Je crois foutrement à
cela. Si on veut trouver quelque chose, il faut se créer
des handicaps et s’imposer des règles de jeu,
se surprendre.» Georges Van Ruymbeke |